jeudi 11 mai 2017

Après un long silence - il faut dire que la campagne des élections présidentielles, puis les élections elles-mêmes, ne méritaient guère plus qu'un silence consterné -, me revoici avec une toute petite mise en perspective.

Ce matin, dans la revue de presse du jour j'ai relevé successivement ces deux informations sur des sites concurrents :
Les Échos, avec le titre suivant : SFR continue à perdre des clients au premier trimestre (https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0212064015259-sfr-continue-a-perdre-des-clients-au-premier-trimestre-2085971.php#xtor=RSS37)
Le Figaro : SFR regagne des clients dans le mobile au premier trimestre (http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2017/05/11/32001-20170511ARTFIG00019-sfr-regagne-des-clients-dans-le-mobile-au-premier-trimestre.php)
J'ai d'abord pensé me précipiter chez mon ophtalmologiste préféré pour y traiter d'urgence la berlue qui me frappait tout à coup.
Puis j'ai relu les deux articles soigneusement, pensant que peut-être Les Échos faisaient allusion à l'ensemble de la clientèle SFR, et non uniquement au secteur du mobile, à la différence de ce qu'annonçait Le Figaro dans son titre.
Eh bien non. Il s'agit bel et bien du même secteur de clientèle.
Au passage, j'ai relevé cette phrase dans les Échos : "Sur les trois premiers mois de l'année, il [SFR] a perdu 351.000 clients mobile grand public en un an".
J'ai beau la relire, je ne parviens pas à lui donner le moindre sens.

En soi, l'anecdote est de peu d'intérêt. Deux versions contradictoires sur deux sites de journaux réputés sérieux ne vont pas changer la face du monde (sans majuscule, il ne s'agit ici pas d'un troisième journal). Mais cela donne à réfléchir sur ce qui vient de se passer pendant de longs mois dans notre beau pays : une élection présidentielle entièrement manipulée par les grands médias, tous aux ordres d'une oligarchie financière qui a réussi, comme elle le souhaitait, à mettre en place un des siens.
Et là, subitement, cette bizarrerie journalistique prend un autre relief. Car ce sont ces mêmes journaux qui ont "fait l'opinion". Ceux-là, et tous les autres. Tous univoques, cette fois, sur l'interprétation à donner des différents programmes et l'absolue nécessité qu'il y avait à porter au pouvoir un requin de la finance au sourire aussi acéré qu'arrogant. Alors qu'ils ne sont même pas fichus de se mettre d'accord quand il s'agit de lire un banal communiqué de SFR...
Et ils oseront encore prétendre, la main sur le cœur, qu'en France les médias sont indépendants ?!
Ce serait comique si ce n'était pas si triste, car en définitive, c'est notre liberté à tous qu'ils ont vendue à leurs donneurs d'ordres.